La ville de Saint-Ouen a bien changé d’aspects ces dernières décennies. Elle se métamorphose à l’instar de nombreuses autres communes de première couronne sous la bannière de « Paris Grande Métropole ». Mais surtout, d’autres externalités prédisent sa dynamique dans l’urbain : ouverture des échanges commerciaux, mondialisation économique, mobilité sans cesse accrue, reconversion des sites industriels, diffusion des technologies de communication, création de nouveaux quartiers, partenariats avec d’autres villes dans l’élaboration de projets communs. C’est une nouvelle civilisation urbaine qui se façonne à Saint-Ouen. Malheureusement, cette médaille a aussi son revers : pollutions, grignotage des espaces naturels par la périurbanisation, relégation des couches les plus fragiles de la population, épuisement du modèle du bien-être social (« welfare »), développement des insécurités, crise de la représentation politique de la ville.
Pourtant, la ville de Saint-Ouen peut devenir une ville moderne, un berceau de la démocratie, un puissant régulateur des transformations urbanistiques en cours, prenant ainsi le relais de la politique gouvernementale en panne d’ambition et d’action. Saint-Ouen de demain peut devenir le creuset de son renouveau, en associant mieux les audoniens à sa transformation pour qu’ils deviennent de véritables acteurs-citoyens. Mais pour que cette démocratie participative soit une réalité communale, le vivre-ensemble à Saint-Ouen doit être une réalité première. Ce credo est aujourd’hui la réponse principale à l’étalement urbain que rien ne semblait, jusqu’à récemment, devoir arrêter. Les audoniens sont légitiment désireux d’un espace de tranquillité, d’un environnement de confort et d’un bien-être collectif en réponse à leurs besoins de stabilité et de vivre en paix. Cela suppose, sans nul doute, de faire davantage confiance aux individus, aux groupes de citoyens, aux associations, aux communautés, aux collectivités, et non pas, comme le font l’actuel gouvernement et le Président de la République, de les « infantiliser » au nom d’une politique sécuritaire illégitime et désastreuse tant pour la cohésion sociale que pour le progrès social. Devant cette politique gouvernementale qui cherche à briser toutes les solidarités, tous aspirent au contraire à une politique audacieuse de renouvellement urbain et économique de la ville concernant principalement l’habitat, l’emploi, la santé, l’éducation, les crèches, l’environnement, la propreté, les transports ou encore la reconquête des espaces rendus disponibles par la désindustrialisation (à l’image de l’aménagement des Docks) ou l’évolution des techniques (accès à la Seine, rallongement des lignes de métro 13 et 14, notamment). Saint-Ouen illustre déjà ces mutations. Favoriser la mobilité et développer une offre plus diversifiée de logements accessibles pour les plus modestes, sont les mots d’ordre de cette nécessaire renaissance urbaine.
Plus significatif encore, la métropolisation de Saint-Ouen concentre des désordres réels qui résistent, quoi qu’on en pense, et auxquels il n’y a pas de solution simple : développement du chômage de masse, manque de solidarité avec les personnes âgées, émission massive de gaz à effet de serre due à une circulation automobile sans cesse croissante, rejets des industries, embouteillages, déchets ménagers , propreté des voies publiques qui nécessitent des traitements coûteux, nuisances, manque d’espaces verts en ville. La prise de conscience de ces déséquilibres est encore récente, mais les exigences sont plus fortes. Les autorités décisionnaires de la ville de Saint-Ouen ont un rôle primordial à jouer, souvent en liaison avec le secteur privé et les associations. La crise de l’État-providence face à la précarisation sociale et la paupérisation des individus rend inévitable de prendre, dans l’urgence, deux directions en faveur d’une dynamique locale. D’une part, en interne, il faut concentrer les administrations locales et les centres de décision à l’intérieur d’un « guichet unique » destiné à améliorer l’accès des audoniens à des services publics de qualité et à renforcer les infrastructures à destination de la population. D’autre part, en externe, il faut définir de véritables stratégies de communication, le marketing de la ville, pour promouvoir le patrimoine de la ville, son identité culturelle, le tourisme, mais aussi surtout définir une stratégie de développement économique pour répondre à la demande numéro un des concitoyens, l’emploi, à travers l’installation et la création de nouvelles entreprises sur le territoire communal.
Ces évolutions permettront à Saint-Ouen de devenir une ville solidaire. Une ville solidaire, c’est une ville qui assure une place à toutes les générations et préserve la mixité sociale. La solidarité avec les personnes âgées doit devenir pour les autorités locales un chantier de première importance avec le vieillissement de la population. Une ville solidaire, c’est aussi une ville à l’écoute de sa jeunesse et qui élabore des actions locales de lutte contre l’exclusion : création de structures d’insertion économique (associations intermédiaires, entreprises d’insertion, régies de quartiers), insertion sociale et professionnelle des jeunes, pôles emploi,… les initiatives économiques doivent se multiplier. L’information juridique et l’accès aux droits des plus démunis, la fourniture de services de base aux exclus constituent d’autres volets de la construction d’une ville solidaire qui assure une place à toutes les générations et préserve la mixité sociale. Une ville solidaire, c’est en outre une ville qui offre à ses habitants la sureté et la sécurité (augmentation des effectifs de la police municipale, aménagement ciblé de vidéosurveillances, renforcement de la présence humaine et de la médiation dans les espaces publics, programmes de prévention en direction des jeunes, participation au service public de la justice). Aujourd’hui l’insécurité civile et la violence inquiètent au même titre que l’insécurité sociale. Une ville solidaire, c’est enfin une ville hospitalière pour les étrangers, une ville qui favorise l’intégration sociale des minorités visibles de la société, une ville qui promeut l’égalité des chances.
Les réformes sont certes nombreuses. Mais, en tout état de cause, l’essentiel réside non seulement dans l’émancipation politique de la ville de Saint-Ouen face aux mesures antisociales d’un gouvernement de droite « sourd » aux attentes de la population et d’un État défaillant dans la gestion des crises actuelles, mais aussi dans la promotion d’une démocratie locale renforcée : interdiction du cumul des mandats, séparation des pouvoirs entre exécutif et délibératif appliqué au niveau local, généralisation des comités de transparence et de surveillance des services publics comprenant des élus, des usagers et des professionnels indépendants, développement des budgets participatifs pour la réalisation de projets de cohésion sociale, création d’un service public local de la justice venant en aides aux victimes, renforcement de l’accès à l’information, droit de vote aux élections locales pour les résidents étrangers.
Ce sont là, pour Saint-Ouen, des voies pour construire une ville moderne en ce début du XXIe siècle. Encore faut-il que les initiatives politiques et les initiatives citoyennes se conjuguent harmonieusement pour transformer ces enjeux auxquels Saint-Ouen est confronté en atouts pour bâtir une société de solidarité.
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